Travailler par cycles, sans se fixer d'objectifs
« Les objectifs, c’est quelque chose de complètement fake. Ce sont des buts artificiels. Ces chiffres tirés d’un chapeau représentent une source de stress qui n’est absolument pas nécessaire, jusqu’à ce qu’ils soient soit atteints, soit abandonnés. Et quand ça se produit, on est supposé en choisir de nouveaux et recommencer à stresser. Rien ne s’arrête vraiment quand on les atteint. Pourquoi se faire autant de mal ? »
‐ D’après Jason Fried
Se fixer objectif sur objectif, ça revient à pratiquer une sorte de torture permanente contre soi-même :
Quoi qu’on arrive à accomplir, on est constamment soit dans un état de stress et de frustration, soit en train de ressentir de la culpabilité ou le sentiment d’être un incapable.
On n’arrive jamais vraiment à apprécier ce qu’on a construit. On se compare en permanence à une version idéale et imaginaire de nous-mêmes et de notre activité.
Le pire, c’est que même dans les cas où on parvient à dépasser largement un objectif qu’on s’était fixé, on n'arrive pas à pouvoir se dire « ça y est, je suis arrivé là où je voulais être ». Parce qu'on continuera à être frustré, pour une raison simple :
On se fixe tellement d’objectifs en parallèle qu’il est quasiment impossible que nos résultats soient TOUS dans le vert en même temps !
Par exemple, un créateur de contenu a souvent un objectif financier pour tel lancement de produit, un objectif en vues pour sa dernière vidéo YouTube, un objectif en likes pour son dernier post Instagram, et aussi un objectif en taux d’ouverture et de clics pour son dernier mailing… et j’en passe.
Même s’il arrive à réaliser la moitié de ces objectifs, tous les autres resteront « dans le rouge », et il n’arrivera toujours pas à être pleinement satisfait :
La vérité, c’est que la façon dont on travaille aujourd’hui — surtout quand on se fixe autant d’objectifs simultanés — est une MACHINE à générer de la frustration.
Il n’y a AUCUN MOYEN d’échapper à cette frustration permanente, sauf en réussissant à se surpasser dans quasiment tous les domaines à la fois, de façon constante, ce qui est impossible.
Cette obsession pour nos objectifs peut même avoir des effets dévastateurs sur nos RÉSULTATS eux-mêmes, et sur l’avenir de notre activité :
C’est ce qui se passe dans de nombreuses entreprises qui ont le culte des objectifs, comme Google et Meta.
Il est arrivé, par exemple, chez Google, qu’une équipe ait pour but d’améliorer un chiffre particulier : le nombre de recherches faites par les utilisateurs.
Et les membres de cette équipe se sont rendu compte que s’ils désactivaient la correction orthographique, les gens ne trouvaient pas ce qu’ils cherchaient, et faisaient donc une autre recherche puis une autre et encore une autre, jusqu’à ce qu’ils parviennent à formuler leur requête avec une orthographe adéquate et puissent trouver les résultats qu’ils cherchaient.
Comme l’équipe en question ne visait que cet objectif-là (le nombre de recherches), ça ne posait pas de problème pour elle de détériorer l’expérience globale des utilisateurs — et la qualité de leur produit — JUSTE pour que ce chiffre bien précis augmente.
La même chose s’est produite à de nombreuses reprises chez Facebook, et ce mécanisme est l’une des causes de la détérioration globale des plateformes.
Dans nos activités, quand on est obnubilé par la réalisation d’objectifs, on tombe souvent nous aussi dans le même travers :
On essaye par tous les moyens d’augmenter un résultat précis (le taux d’ouverture de ses mailings, les vues sur ses vidéos, les ventes à très court terme…) sans se rendre compte que ces indicateurs ne sont pas séparés des autres et qu’ils font partie d’un tout :
Par exemple, j’ai échangé plusieurs fois avec des créateurs, qui, en cherchant à faire plus de vues sur YouTube ou sur tel ou tel réseau social, ont fait fuir leur clientèle. Ils se sont retrouvés avec davantage de vues… mais avec moins de clients, parce qu’ils ont dilué leur message en l’adaptant au grand public, ce qui a eu pour effet de faire partir leur clientèle plus impliquée et plus avancée, qui leur amenait la plupart de leurs ventes. En créant des contenus racoleurs pour faire plus de bruit, ils ont touché davantage de personnes… qui n’étaient pas les bonnes.
De la même façon, envoyer des e-mails de vente agressifs deux fois plus souvent à sa mailing-list permet souvent d’augmenter son chiffre d’affaires sur le très court terme. Mais sur le moyen et long terme, on abime aussi la confiance et l’intérêt de notre cœur de clientèle, et on aura déterioré notre activité.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aucun chiffre, aucun indicateur et aucun objectif n’existe dans le vide, séparé du reste. Parce qu’une activité est un écosystème :
Cette réalité se constate aussi dans la vie de tous les jours, et dans tous les domaines. Le problème, c’est que lorsqu’on a un état d’esprit compétitif à l'extrême et qu’on aborde la vie et le travail comme s’il s’agissait d’une guerre, on vit dans l’illusion qui consiste à croire que chaque élément, chaque objectif, chaque personne, chaque objet est séparé du tout.
« Rien n’existe séparément de quoi que ce soit d’autre. Nous sommes tous interconnectés. En prenant soin d’une autre personne, vous prenez soin de vous-même. En prenant soin de vous-même, vous prenez soin de l’autre personne. »
‐ D’après le maître zen Thich Nhat Hanh.
« Tire sur un fil, et tu découvriras qu’il est attaché à tout le reste du monde. »
‐ D’après l’auteur Nadeem Aslam.
« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas. »
‐ D’après le météorologue et mathématicien Edward Lorenz
Certaines sagesses appellent ça le principe d’interdépendance ou la « coproduction conditionnée », d’autres « l’inter-être ». Ça rejoint aussi « l’effet papillon ».
Le problème, c’est que lorsqu’on constate que la poursuite d’objectifs isolés n’est pas une bonne idée, on se retrouve parfois un peu perdu :
On ne sait plus par où commencer ni par où continuer. On manque de repères, de jalons. Et on se met vite à paniquer, parce qu’aucun indicateur ne nous montre vraiment si on est en avance ou en retard, si on a bien travaillé ou si au contraire il est nécessaire de fournir davantage d’efforts.
Bref, si on abandonne ses objectifs sans les remplacer par autre chose, ça devient vite la panique et le chaos, et on n’arrive plus à accomplir grand-chose.
C'est la raison pour laquelle les solutions que j’enseigne dans le programme complet « L'Art de la Performance Tranquille » proposent de remplacer les objectifs par des CYCLES de travail :
Ces cycles correspondent à la façon la plus naturelle qui soit de travailler, et s’adaptent aux saisons : comme un paysan moissonne au mois de juillet, comme un écureuil collecte des noisettes à l’automne, comme un oiseau fait son nid au printemps, on aborde le travail sous la forme de cycles habituels :
Et à chaque cycle, on essaye de faire mieux que la dernière fois. PAS mieux que les concurrents (il y en aura toujours au moins un qui fera mieux que nous sur un aspect isolé au moins : se comparer à lui est la meilleure façon de vivre dans la frustration). PAS mieux non plus en ce qui concerne les résultats de tel ou tel indicateur séparé du reste, qui nous donnerait une vision faussée de la véritable santé de notre activité. Mais juste mieux que la dernière fois, globalement :
Et si on n’a pas réussi à faire mieux cette fois-ci que la dernière fois, on n’a pas besoin de culpabiliser ni de s’en vouloir : un été plus sec que la normale, c’est une chose qui arrive. Un hiver plus froid aussi. Ce sont les aléas de la vie et de la nature des choses, et on apprend à les accepter.
Cette approche du travail, la plus naturelle qui soit, permet de s’améliorer constamment sans pour autant devoir vivre dans la frustration et le stress permanent. Elle permet de faire progresser son activité sans qu’on détruise sa vie et sa santé mentale pour y parvenir. Et elle permet d’en finir avec l’anxiété, la rumination et la culpabilité qui sont les fruits empoisonnés d’un rapport aux statistiques malsain et toxique, pourtant érigé aujourd’hui en standard dans le monde de l’entrepreneuriat.
J’enseigne cette approche aux modules suivants de la formation complète « L'Art de la Performance Tranquille » :
Sortir de la spirale toxique des statistiques et des objectifs
Module 5 de la formation L'Art de la Performance Tranquille
(Module vidéo de 42 minutes)
Transforme ta vie et ton activité en un laboratoire :
Formule des hypothèses, teste-les sur des durées définies puis tire des enseignements des résultats, sans que les échecs ne puissent impacter tes émotions.
Libère-toi aussi du rapport malsain aux statistiques : apprends à travailler par cycles en améliorant tes méthodologies à chaque itération et à développer ta capacité de jugement de façon naturelle, pour progresser de façon sereine et apaisée.
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Un système de vie qui nourrit ta pratique créative
Module 1 de la formation L'Art de la Performance Tranquille
(Module vidéo de 10 minutes)
Apprends à créer une architecture de vie solide et équilibrée pour nourrir ta créativité sans t'épuiser. Découvre comment chacun des piliers du système, de l'apprentissage profond à la vie sociale en passant par les moments de silence, s'interconnecte pour alimenter ta pratique créative. Ce système de vie a été conçu pour pouvoir créer avec une régularité de fer, sans avoir besoin de se forcer.
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L'art de la création profonde : une routine compatible avec toutes les humeurs
Module 2 de la formation L'Art de la Performance Tranquille
(Module vidéo de 39 minutes)
Apprends à structurer tes séances de création autour d'étapes clés : d'abord l'apaisement de l'esprit, puis l'échauffement par l'écriture libre, puis la préparation intuitive, suivie de la période de création pure.
Tu vas apprendre à construire une pratique de création quotidienne, durable et apaisée, compatible avec toutes les humeurs, qui permet de donner le meilleur de toi-même de façon extrêmement régulière.
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Restaurer l'équilibre entre création et exploration
Module 4 de la formation L'Art de la Performance Tranquille
(Module vidéo de 22 minutes)
Même si tu dois faire beaucoup de recherches, d'essais et d'explorations de nouvelles pistes, ta pratique de création quotidienne doit rester ta priorité. Tu vas découvrir des techniques pour te libérer de la tentation de foncer tête baissée dans toutes les opportunités ou idées d'exploration qui se présentent à toi :
Apprends à intégrer des temps d'exploration à ton emploi du temps de façon mesurée, en utilisant des règles et des mécanismes précis, pour qu'ils n'empiètent pas sur ta routine de création.
Je te donne aussi un framework de journée équilibrée, avec des suggestions de combinaisons pour intégrer sainement ces temps d'exploration.
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