Marre des réseaux sociaux
Newsletter du 30 juillet 2024.
Les réseaux sociaux nous font du mal, et c'est de pire en pire chaque année...
Image : Une "ferme d'influenceurs" en Chine.
Tim Cook lui-même est réticent à l'idée de laisser les enfants de sa famille approcher un appareil électronique :
Citation : « Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai un neveu pour qui j’ai établi certaines limites. Il y a des choses que je n’autorise pas. Je ne veux pas qu’il soit sur les réseaux sociaux. »
Steve Jobs lui-même ne laissait pas ses enfants utiliser un iPad, et vivait une vie plutôt déconnectée.
Selon son biographe Walter Isaacson :
« Chaque soir, Steve tenait à dîner à la grande table de leur cuisine, discutant de livres, d’histoire et de divers sujets. Personne ne sortait jamais d’iPad ou d’ordinateur. Les enfants ne semblaient pas du tout dépendants des appareils électroniques. ».
Bill Gates n’a pas autorisé ses enfants à avoir un téléphone avant l’âge de 14 ans, puis a limité leur temps d’utilisation ensuite. Il interdisait aussi l’utilisation des écrans lors des repas.
La PDG de YouTube elle-même, Susan Wojcicki, avouait qu’elle confisquait régulièrement le téléphone de ses enfants. Elle disait : « Je veux que les gens interagissent entre eux ».
Et l'un des premiers présidents de Facebook, Sean Parker, a dit de l'application :
« C'est un système d'auto-valorisation sociale... exactement le genre de chose qu'un hacker comme moi imaginerait, car vous exploitez une vulnérabilité dans la psychologie humaine. Les inventeurs, les créateurs : moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom pour Instagram, tous ces gens en étaient conscients. Et nous l'avons fait quand même. »
Les réseaux sociaux sont des machines à générer de l’addiction et, plutôt que de s’améliorer au fil du temps, ils deviennent de pire en pire. C’est le phénomène que certains appellent enshitification (« merdification » en français), qui correspond au phénomène suivant :
« D’abord, les plateformes donnent aux utilisateurs ce qu'ils veulent.
Puis, elles abusent d'eux pour gagner plus d'argent avec leurs clients professionnels [par l'affichage de plus en plus intrusif de publicités, par le développement de mécanismes qui favorisent les comportements addictifs et augmentent le temps passé sur la plateforme, etc.] ;
Et enfin, elles abusent de leurs clients professionnels dans le but de récupérer toute la valeur pour elles-mêmes.
Puis, elles meurent. »
‐ D'après Cory Doctorow
Quand on crée la plupart de nos contenus pour ces plateformes, on en vient peu à peu à perdre son âme. On devient l'esclave des algorithmes. On ne cherche plus à être utile aux gens, mais à les faire cliquer ou réagir par tous les moyens possibles.
Dans son excellent livre Ten Arguments For Deleting Your Social Media Accounts Right Now (traduit en français sous le titre Stop aux réseaux sociaux), Jaron Lanier écrit :
« N'ayant rien d'autre à rechercher que l'attention, les gens ont tendance à devenir désagréables, car les gens désagréables sont ceux qui obtiennent le plus d'attention. Et ça influence le fonctionnement de toutes les autres parties de la machine que sont les réseaux sociaux. »
En d’autres termes, en tant que créateurs, on en vient nous aussi à pratiquer l’enshitification :
Nos contenus deviennent de moins en moins profonds, de moins en moins utiles, de plus en plus éphémères et jetables... et surtout, de plus en plus toxiques.
Bien entendu, il est aussi de plus en plus difficile de s’accomplir dans son travail quand on n’a plus vraiment aucune pratique sincère et honnête de la création ; quand on n’est plus qu’une voix parmi des milliers d’autres, quand on passe ses journées à essayer de crier le plus fort possible pour essayer de se faire remarquer au milieu d’une foire dans laquelle tout le monde crie déjà très fort et dans laquelle tout clignote.
Mais le web n’a pas toujours été comme ça...
Il y a une époque, que beaucoup regrettent, où il regorgeait de contenus utiles, qui n’avaient pas tous pour but de faire le plus de bruit possible, qui ne clignotaient pas de partout, qui étaient profonds plutôt que superficiels et criards.
Mais cette époque est révolue depuis que les réseaux sociaux ont remplacé le web indépendant, celui dans lequel la plupart du contenu était publié sur des sites personnels.
Pourtant, aujourd’hui, à mesure que les réseaux sociaux s’enshitifient et ressemblent de plus en plus à des champs de ruines, il y a quelques signes qui montrent qu’un renouveau du web d’avant est en train d’éclore :
Par exemple, depuis quelques années, on a vu le développement de plateformes et d'outils comme Substack ou Ghost, qui proposent le même type d’expérience que celle que l’on pouvait avoir sur le web avant que les réseaux sociaux ne se mettent à tout casser.
Il y a un énorme renouveau autour des newsletters : c’est le média sur lequel on trouve aujourd’hui les contenus utiles et profonds qui étaient autrefois sur les blogs.
Et pourtant... Les newsletters ne datent pas d’hier : c’est l’un des formats les plus anciens du web... qui existait même bien avant les blogs (et qui est donc aussi le plus durable, à une époque où il y a un nouveau réseau social, une nouvelle « appli du moment » ou une nouvelle mode de publication chaque semaine ou chaque mois)....
Je cite CJ Sivers dans son petit livre Principles for newsletters :
« L’e-mail est, jusqu’à présent, le moyen de communication en ligne le plus universel que nous ayons.
Les newsletters ont été déclarées mortes et ressuscitées à de nombreuses reprises. Et, à chaque fois, elles reviennent plus fortes encore. »
Et en tant que créateur, écrire pour les personnes qui se sont inscrites à notre newsletter, ça procure aussi une expérience bien plus satisfaisante que celle qu'offrent les réseaux sociaux aujourd'hui :
Alors que ta dernière vidéo YouTube est vue par des gens distraits qui ont un œil sur ta vidéo, un autre sur TikTok, tout en étant en train de manger une glace et de discuter sur un groupe WhatsApp...
Tes newsletters, elles, sont lues par des personnes impliquées, qui veulent vraiment les recevoir, qui ne tiennent pas leur doigt de manière fébrile au-dessus d'un bouton qui leur permet de te zapper dès qu'une phrase est un peu moins engageante ou distrayante que la précédente...
Et au lieu de recevoir des commentaires idiots, déplacés ou haineux de la part de gens qui n’ont rien à faire de tes contenus, tu reçois des réponses profondes, touchantes ou utiles.
Beaucoup d'entre nous aimeraient pouvoir arrêter de créer du contenu pour les touristes :
Ils en ont assez de jouer aux clowns pour distraire des gens qui n’ont rien à voir avec leur sujet de fond, qui regardent le contenu en ayant un œil sur le dernier Reel et l’autre sur la glace qu'ils sont en train de manger, et qui vont les zapper en 3 secondes si ils ne les distraient pas assez.
Ces créateurs, ils voudraient que l’essentiel de leur travail soit destiné aux BONNES PERSONNES.
C’est la raison pour laquelle de plus en plus d'entre-eux quittent les réseaux, ou y réduisent leur fréquence de publication (c’est mon cas), pour créer davantage à destination d’une audience de personnes intéressées, au lieu de passer leur temps à s’adresser à des touristes.
Beaucoup d'entre nous font aussi le même choix en sens inverse, c'est-à-dire en ce qui concerne la façon dont ils consomment du contenu :
Ils délaissent les réseaux sociaux pour ressortir un lecteur RSS des cartons... ou bien pour en utiliser un moderne, comme Inoreader ou Feedbin (qui permettent aussi de suivre des newsletters).
Image : Google Reader, le lecteur RSS de Google, fermé en 2013 pour forcer les gens à utiliser le réseau social Google+ (abandonné depuis...).
Certains, comme moi, ne consomment presque plus de contenu en dehors d’un appareil e-ink, pour éviter les distractions et tout ce qui clignote, et pouvoir étudier en profondeur le travail de quelques créateurs choisis et de qualité, plutôt que de consulter 1 000 contenus superficiels par minute, en ayant l’impression de ne rien avoir appris (j’utilise Kindle4rss et un outil qui permet de convertir les newsletters en flux RSS).
Image : Kindle4Rss, sur ma liseuse (si c'était à refaire, j'aurais choisi un Kobo).
Quand on veut manger sainement, au lieu de se nourrir de chips et d’autres aliments attrayants, mais peu nourrissants, on décide d’avoir une alimentation équilibrée. Et on peut appliquer le même principe à la consommation de contenus.
Dans son livre The Art of Communicating, le maître zen Thich Nhat Hanh écrivait :
« On peut penser à notre communication en termes de nourriture et de consommation.
Internet est un outil de consommation, rempli de nutriments qui sont à la fois sains et toxiques.
Il est très facile d’en ingérer énormément en quelques minutes seulement. Ça ne veut pas dire qu’on ne devrait pas utiliser internet, mais qu’on devrait être conscient de ce qu’on lit et de ce qu’on regarde. »
Sur ce sujet, je conseille les livres suivants :
‐ The information Diet (en anglais, avec une mise en garde : on ne sera pas forcément d’accord avec les opinions politiques de l’auteur).
‐ Stop aux réseaux sociaux, de Jaron Lanier (titre original en anglais : Ten Arguments For Deleting Your Social Media Accounts Right Now).
Certains créateurs hésitent à franchir le pas qui consiste à publier davantage pour leurs fans véritables que pour les réseaux sociaux, parce qu’ils ont peur qu’en s’adressant à un plus petit nombre de personnes, ils n’arrivent pas à obtenir les mêmes résultats.
Mais quel que soit le sujet dont on parle, lorsque qu'un intérêt authentique est au rendez-vous, on n’a plus besoin de parler à la même quantité de personnes !
On touche moins de gens, mais les gens qu'on touche s'impliquent parfois jusqu'à 25 fois davantage.
Par exemple, le taux habituel de clics d’un mailing promotionnel envoyé à une audience large se situe souvent entre 1 et 3 %.
Mais lorsqu'on s'adresse aux bonnes personnes, on peut obtenir ce genre de taux d'ouverture et de clics :
Image : Statistiques d'un des e-mails de vente qui fait partie des séries que je propose.
Si on avait touché 10 000 touristes, dont 2 % auraient cliqué, on aurait obtenu 200 clics.
Mais il suffit de toucher 400 personnes impliquées pour obtenir les mêmes 200 clics (avec 50 % de taux de clic au lieu de 2 %) !
Le même phénomène peut se constater dans l’autre sens, c’est-à-dire en ce qui concerne la consultation de contenu :
Par exemple, trois fois par jour, je lis quelques lignes d’un livre inspirant, parmi une collection d’ouvrages que j’ai choisis avec soin.
Ces quelques lignes, lues avec attention et dont je m’imprègne et que je laisse mûrir dans ma tête, m’apportent bien davantage que tout le contenu dont je me suis gavé en masse à d’autres périodes de ma vie, quand j’essayais d’en consommer le plus possible et le plus rapidement possible.
Bref, comme disait l'autre :
« Fais moins, mais fais-le mieux ».
Si c'est une approche qui te parle, je te propose de découvrir une série d'e-mails que j'ai créée et qui s'appelle « Une autre façon d'aborder le business en ligne » :
Tu vas y découvrir une façon différente pratiquer le métier de formateur, coach ou expert, qui consiste à faire l'essentiel de ton travail de création pour tes vrais fans, plutôt que pour des touristes.
C'est la voie du mentor, qui permet de se positionner à l'intersection de ces trois critères :
En voici le programme :
✉️ Jour 1 :
La voie du marchand de tapis : une boîte de pandore ;
✉️ Jour 2 :
La voie de l'expert fauché : l'autoroute vers la frustration ;
✉️ Jour 3 :
Mon histoire, et le défi que je me suis lancé pour déconstruire le business en ligne et le reconstruire sur de nouvelles bases ;
✉️ Jour 4 :
Les stratégies concrètes que je conseille d'appliquer.
Tu peux démarrer la série en cliquant ici, et tu recevras le premier e-mail dans quelques minutes, puis les suivants au fil des jours qui viennent.
Tu pourras t'en désinscrire à tout moment si elle ne t'intéresse plus.
Bonne lecture !
Et pour finir, mon assistante te dit bonjour :
✉️ Reçois mon conseil du jour par e-mail chaque matin : inscris-toi.