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La voie du marchand de tapis

Bienvenue dans la série « Une autre façon d'aborder le business en ligne ».

Je vais t'envoyer les e-mails suivants au fil des jours :

✉️ E-mail 1 :
La voie du marchand de tapis : une boîte de pandore (c'est celui d'aujourd'hui, que tu es en train de lire...) ;

✉️ E-mail 2 :
La voie de l'expert fauché : l'autoroute vers la frustration (tu le recevras demain) ;

✉️ E-mail 3 :
Mon histoire, et le défi que je me suis lancé pour déconstruire le business en ligne et le reconstruire sur de nouvelles bases (ce sera l'e-mail d'après-demain) ;

✉️ E-mail 4 :
Les stratégies concrètes que je conseille d'appliquer (tu recevras cet e-mail dans trois jours).

Et si tu le souhaites, tu auras l'occasion de suivre encore une autre série d'e-mails ensuite, qui détaillera chacune des stratégies que je recommande.

On commence donc avec les marchands de tapis :

La voie du marchand de tapis : une boîte de pandore

Les marchands de tapis du web, ce sont tous ces formateurs et ces coachs qui promettent la lune, qui utilisent des techniques de manipulation pour vider les poches des membres de leur audience et qui promettent des miracles, mais vendent souvent du vent.

En général, ça marche très bien pour eux : dans la plupart des thématiques, ce sont ceux qui gagnent le plus.

Ils visent en priorité des audiences vulnérables et facilement influençables (public jeune, un peu perdu dans la vie, personnes issues de milieux défavorisés à qui on promet la richesse instantanée...).

Les marchands de tapis sont aussi les créateurs les plus détestés du web. Ce sont ceux qui ont le plus de haters, qui se retrouvent même souvent avec les journalistes aux fesses (quand ce ne sont pas les justiciers de Twitter/X).

Mais ce sont, et de loin, les créateurs qui gagnent le plus d'argent, toutes thématiques confondues (sauf celles qui s’adressent en priorité à des publics hautement qualifiés ou instruits).

Dans l’état actuel des choses, beaucoup de créateurs se retrouvent donc face à un mur, où ils doivent choisir entre :

1- Faire du sale boulot en serrant les dents et en se pinçant le nez et, en contrepartie, pouvoir prétendre à de beaux résultats financiers...

Ou :

2- Garder leur dignité, créer de beaux et bons contenus desquels ils pourront être fiers... mais devoir renoncer aux résultats qu’ils auraient pu obtenir en faisant l’inverse.

Beaucoup de créateurs, autrefois intègres, qui étaient animés par une passion sincère, ont fait le choix de passer du côté obscur à un moment de leur carrière parce qu’ils en avaient marre de gagner des miettes.

C’est le cas, par exemple, de James Altucher, un auteur dont j’avais beaucoup apprécié les livres, comme :

Aujourd’hui, malheureusement, James Altucher s’est transformé en marchand de tapis. Il essaie de refourguer du vent à des personnes influençables.

Ça ressemble à ça :

Voici encore un autre exemple, que tu connais peut-être : Brian Rose.

Brian Rose est un créateur américain qui vit en Grande-Bretagne. Sur sa chaîne YouTube, il publiait des interviews d’une qualité exceptionnelle.

C’est son talent qui lui avait permis de trouver des invités de plus en plus prestigieux, jusqu’à pouvoir interviewer des personnalités comme Gary Vee et Wim Hof.

Mais aujourd’hui, Brian Rose est passé du côté obscur. Après avoir monté plusieurs escroqueries, il vend maintenant ce type de produits :

En d’autres mots : même les créateurs passionnés qui font partie des meilleurs sont parfois tentés de devenir des marchands de tapis.

Pour une raison simple : ça donne des résultats financiers qui sont stratosphériques en comparaison à ceux qu’obtient typiquement un créateur intègre et passionné...

Le problème, c’est que si tu choisis cette approche-là, c’est comme si tu ouvrais la boîte de Pandore. Ça va te détruire de l’intérieur.

Chaque contenu que tu vas créer va te laisser un goût amer dans la bouche. Tu auras de plus en plus de mal à te regarder dans la glace.

Ton métier sera tellement sale que tu auras un mal fou à essayer t’y remettre chaque matin. Tu essaieras de le faire le plus vite possible pour pouvoir t’en débarrasser, refermer ton ordinateur et essayer d’oublier que tu n’es pas la personne que tu voudrais être.

Ton travail sera devenu une corvée, parce que tu ne pourras jamais t’accomplir en créant.

Même si tu essaies de rationaliser, au fond de toi, tu ne réussiras jamais à te faire croire que tu ne fais pas du sale boulot et que tu ne profites pas des gens.

Tu vivras dans une dissonance cognitive insupportable, parce que l’identité que tu as à la maison (bon père ou mère de famille, par exemple) sera en opposition totale avec l'identité que tu auras dans ton travail (marchand de tapis, manipulateur, requin, marketeur sans scrupules...).

Alors, tu essaieras de te faire croire que tu n'es pas tout à fait une ordure. Ou que tu fais ça pour le bien de ta famille, « pour la bonne cause ». Mais au fond de toi, tu sauras très bien que la fin ne peut pas justifier les moyens.

Peu à peu, tu te retrouveras donc de plus en plus torturé. Et tu seras de plus en plus tenté d'apaiser ton esprit en prenant la fuite, en essayant d'oublier. C'est la raison pour laquelle les addictions à l'alcool et aux drogues sont tellement prévalentes parmi les créateurs qui ont choisi cette approche

Mais il n'y a pas que ça :

Les marchands de tapis utilisent des stratégies qui favorisent les résultats à court terme. Typiquement, il s'agit d'essayer de faire dépenser le plus d'argent possible à chaque client, le plus rapidement possible.

On construit des tunnels de vente basés sur le principe « l'achat ou la mort » : on harcèle le client jusqu'à ce qu'il sorte sa carte bancaire. Il n'y a aucune limite. C'est soit la vente, soit la désinscription.

Et à cause de ça, il faut sans cesse trouver de nouvelles personnes à qui proposer ses produits, parce que les clients ne restent pas.

Ça consiste donc à construire sur du sable : tout le château de cartes peut s'effondrer à tout moment, parce qu'il n’y pas d’audience fidèle derrière. Il n’y a pas de relations basées sur la confiance.

Il suffit donc que les coûts de la publicité en ligne augmentent ou que l'algorithme de YouTube change pour que tout s'écroule.

Les créateurs qui ont choisi cette voie vivent donc souvent dans un stress et une anxiété permanente, en plus d'être terrassés par cette dissonance cognitive insupportable entre leur « vraie identité » – celle qu'ils ont à la maison et avec leurs amis – et leur identité en ligne, qui est sale et détestée.

Ces conséquences sont inévitables :

  • Burn-out ;
  • Perte de sens ;
  • Désespoir, sentiment d'avoir une vie qui ne mérite plus d'être vécue (même si on a de beaux revenus) ;
  • Spirale dans les addictions, pour essayer d'oublier, pour fuir, pour relâcher le poids de la torture mentale...

C’est tout à fait naturel de préférer suivre la voie opposée : celle du créateur passionné. Mais le problème, c’est qu’elle ne pourra jamais donner d’aussi bons résultats financiers

Pourtant, elle semble avoir du sens sur le papier : « Crée de beaux contenus et de bons produits, et tu pourras vivre de ton activité ». « Un bon artisan mérite salaire ». « La qualité paie ».

On voudrait y croire... mais c'est une voie qui mène, elle aussi, vers une impasse, en plus de comporter des risques gigantesques, surtout en matière de santé mentale.

Ce sera le sujet du prochain e-mail de cette série, que tu recevras demain et qui s'intitule :

✉️ La voie de l'expert fauché : l'autoroute vers la frustration.

À demain,

Jean Rivière.