En finir avec la motivation et la force
Newsletter du 6 août 2024.
Il faut qu’on arrête de dire aux gens que s’ils ne réussissent pas, c’est qu’ils sont des faibles.
Que s’ils ne sont pas encore multimillionnaires, c’est qu’ils n’ont pas travaillé assez dur.
Que s’ils n’ont pas réussi à faire décoller leur business, c’est qu’ils ne se lèvent pas à 4 h du matin, ne prennent pas 3 douches froides par jour et ne se poussent pas assez.
Image : prends trois douches froides par jour et deviens un Ice Man.
Parce que non seulement c’est un énorme mensonge, mais en plus, ça détruit des vies en amenant les gens vers le burn-out, la frustration permanente, le sentiment de ne pas avoir assez de valeur pour pouvoir se respecter soi-même… en plus d’être COMPLÈTEMENT ABSURDE et inefficace.
Cette approche, prêchée partout sur les réseaux sociaux, c'est celle que j'appelle le modèle du Cro-Magnon forcené.
Ça consiste à faire reposer tout son travail sur la FORCE et la MOTIVATION, comme un homme préhistorique qui tape très fort avec son gourdin.
C’est une approche primitive, rigide et superficielle du travail qui se résume au principe suivant :
« Si je n’arrive pas à casser une pierre avec mon gourdin, c’est que je n’ai pas tapé assez fort dessus ».
Si c’est un principe qui pouvait avoir du sens pour le Cro-Magnon moyen, comment une personne vivant au XXIe siècle et saine d’esprit pourrait encore croire que c’est la meilleure façon de créer des contenus qui touchent le public ? Ou de trouver des idées qui peuvent avoir de l’impact ? De rédiger des textes qui changent le regard du public sur un sujet ? De générer de l’attraction autour d’une idée, d’un mouvement ou d’un produit ?
Si tu es créateur ou entrepreneur, tu entends souvent :
« Lève-toi avant tout le monde, prends des douches froides, prive-toi régulièrement de nourriture, passe ta journée entière devant ton ordinateur à travailler le plus vite possible, ne prends surtout pas de temps pour toi, ignore et méprise tout le reste (y compris les autres parties de ta vie : tes enfants, ta famille, tes loisirs et tout ce qui participe à ton accomplissement personnel) et travaille plus vite et toujours plus vite… Et si tu ne réussis toujours pas malgré tous les sacrifices que tu as faits, c’est que tu es un faible. »
Alors tu essaies de te forcer encore davantage pour te prouver que tu n’es pas tout à fait une loque :
Tu redoubles d’efforts et tu négliges encore davantage ton équilibre.
Et c’est comme ça que tu finis par tout détruire dans ta vie : ta femme ou ton mari te quitte parce que tu ne peux plus lui offrir d’attention, ta maison ou ton appartement n’est plus entretenu parce que tu n’as pas le temps, ton cercle social est un lointain souvenir… Bref, ta vie ne ressemble plus à rien.
Et ça te met encore plus la pression, parce que maintenant, il ne te reste plus que ton travail… Alors, si cette partie-là de ta vie échoue elle aussi, cette fois-ci, il ne te restera vraiment rien du tout.
Ce n’est donc pas étonnant que la plupart des gens qui suivent cette voie soient à ramasser à la petite cuillère après quelques années : ils sont complètement désespérés, en burn-out complet, isolés, sans plus aucune confiance en eux, essorés, vidés…
Et tout ça, souvent pour rien ! Puisque, dans la plupart des cas, les efforts surhumains qu’ils ont fournis ne leur ont même pas permis d’obtenir des résultats suffisants.
Le problème, c’est que l’approche « Cro-Magnon forcené » passe complètement à côté de tout ce qui est nécessaire pour faire germer de bonnes idées : la prise de recul, la maturation, le silence, le repos, et surtout… l'ÉQUILIBRE.
Il y a bien des choses qu’on peut faire en utilisant la force comme seul levier : déplacer des cailloux ou creuser un trou, par exemple.
Mais pour rédiger un beau texte, pour composer un morceau qui va faire vibrer les foules, pour imaginer l’application qui pourra transformer le quotidien de millions de personnes, pour rassembler les gens autour d’une idée qui résonne…
Le gourdin, le silex, la motivation et la force brute ne sont pas les outils les plus adaptés.
Le problème, c’est que ceux qui n’adhèrent pas à la méthode préhistorique travaillent souvent juste à l’envie. À l’inspiration.
Et ils réussissent facilement à démarrer des projets quand ils se sentent inspirés, mais ils ont beaucoup plus de mal à persévérer.
Typiquement, ils se retrouvent avec 15 projets de front, chacun à moitié commencé. Et pas un seul achevé.
Au bout d’un moment, désespérés de ne pas être capables de persévérer quand ils travaillent en suivant leurs envies du moment, ils en viennent à croire que ceux qui prêchaient l’approche du Cro-Magnon forcené avaient raison.
Alors, ils essaient d’utiliser la force contre eux-mêmes. Ils se poussent. Ils se motivent. Et, peu à peu, ils s’épuisent. Puis, une fois qu'ils sont en burn-out complet, ils baissent les bas et décident de travailler à nouveau selon leurs envies et leur humeur du moment. Jusqu’à ce que, à nouveau, ça les mène au bout d’une impasse et qu’ils soient tentés de remettre une pièce dans la machine et d’utiliser la force, au moins pour un temps.
Ils se retrouvent enfermés dans ce cycle infernal :
Ce cycle ressemble beaucoup à celui par lequel passent la plupart des gens qui essaient de perdre du poids :
D’abord, ils se forcent à se nourrir de feuilles de salade, de graines et d’eau plate. Ils se refusent tous les plaisirs et suivent à la lettre un plan de nutrition très strict, en se reposant uniquement sur leur motivation.
Et ça fonctionne… tant qu’ils sont motivés.
Mais la motivation est une humeur et les humeurs, c’est comme la météo : un jour il pleut et le lendemain, il fait beau. On n’a pas vraiment de contrôle dessus.
Si on construit une maison en partant du principe qu’il fera beau tous les jours, ça se terminera en catastrophe dès qu’il se mettra à pleuvoir…
Et c’est la même chose pour la motivation : dès qu’une journée difficile se présente (suite à une dispute à la maison, un souci de santé ou une inquiétude personnelle), c’est comme si un grain de sable grippait l’engrenage :
À ce moment-là, la plupart des régimes ne tiennent plus. On arrête de se priver et on se jette sur le premier McDo venu en se disant : « Aujourd’hui, j’ai assez de galères à gérer, je ne peux pas me forcer : je mérite bien de m’offrir un énorme plat de frites ».
C’est comme ça qu’on revient à la case départ. C’est aussi la raison pour laquelle 95 % des personnes qui suivent un régime reprennent du poids moins d’un an après.
Les personnes qui réussissent vraiment à perdre du poids sur la durée sont celles qui apprennent à construire un ÉQUILIBRE, plutôt que de se forcer.
C’est la même chose pour le travail : la seule approche qui fonctionne, tout en permettant de tenir sur la DURÉE, c’est la construction d’un ÉQUILIBRE.
Parce que chaque partie de notre vie nourrit les autres, et si on sacrifie tout pour maximaliser l’une de ces parties au détriment du reste, on se retrouve incapable de persévér...
J’ai rédigé une série de quatre e-mails qui s’appelle : « Réinventer l’efficacité » :
Dans cette série d'e-mails, je déconstruis les approches traditionnelles de l'efficacité, de l'organisation et du travail, pour proposer un nouveau modèle qui favorise l'équilibre plutôt que la force et la motivation.
J'ai développé un framework complet, un « système d'exploitation » intégral pour organiser sa vie quotidienne quand on est créateur ou entrepreneur, de façon à établir et à maintenir l'équilibre suivant, dans lequel chaque élément nourrit tous les autres :
Voici le programme de cette série d'e-mails :
✉️ Jour 1 :
L'approche du Cro-Magnon forcené : une autoroute vers le burn-out
✉️ Jour 2 :
La voie de l’éternel débutant : travailler à l’inspiration, ça ne fonctionne pas
✉️ Jour 3 :
La course a la productivité a failli me détruire : mon histoire
✉️ Jour 4 :
Mes solutions pour être efficace tout en restant serein
Tu peux démarrer la série en cliquant ici, et tu recevras le premier e-mail dans quelques minutes, puis les suivants au fil des jours qui viennent.
Tu pourras t'en désinscrire à tout moment si elle ne t'intéresse plus.
Bonne lecture !
Et pour terminer, une photo de Titi, l'un de mes quatre chats, qui vient de se réveiller :
À très bientôt.
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