De l'écriture scolaire à l'écriture créative
Hier, je t’avais envoyé un e-mail sur les raisons pour lesquelles il est complètement absurde d’utiliser l’I.A. pour écrire à notre place. Si tu avais raté cet e-mail, tu peux encore le lire ici.
Et aujourd’hui, je voudrais m’adresser à ceux qui continuent envers et contre tout à écrire par eux-mêmes, mais qui ont le sentiment d’y passer beaucoup trop de temps :
De l'écriture scolaire à l'écriture créative :
On a tous appris à écrire à l’école... d'une façon qui permette d'avoir de bonnes notes à un devoir ou à une dissertation.
Alors que c’est exactement l’INVERSE que le public attend de nous !
Personne ne veut lire un devoir ni une dissertation ! Personne ne veut savoir si on a bien appris notre leçon et si on est capable de répéter la même chose que le professeur !
Au contraire, ce que le public attend de nous, c’est qu’on l’aide à ouvrir ses perspectives. C’est qu’on lui montre qu’il existe des voies nouvelles. C’est qu’on lui donne des pistes et des idées auxquelles il n’aurait jamais pensé, et qu’on ne trouve dans aucun livre. C’est qu’on l’émerveille, qu’on l’aide à prendre du recul sur sa situation, qu’on l’encourage, et qu’on chamboule ses anciennes certitudes…
Quand on écrit pour le public, l’exactitude grammaticale, la propreté de nos textes et la politesse de notre ton ne devraient jamais être les premières des priorités.
Parce qu'elles demandent de s'appliquer et d'être consciencieux, les méthodes d’écriture scolaires nous poussent à écrire des textes descriptifs, un peu comme ceux qu’on peut lire sur Wikipédia, qui ne transforment personne, qui ne font rêver personne, et qui ne donnent d’espoir à personne. Ce sont des textes sans âme, sans saveur, qui ne proposent aucune idée qui puisse retourner le cerveau des gens ni leur fournir une expérience cognitive forte…
Mais pour créer ce genre de textes fades, il faut pourtant trimer, parce que ce sont ceux qui demandent le plus de temps et d’énergie à créer… en plus d’être, de loin, les moins amusants à écrire !
On doit donc se forcer chaque matin à se mettre au travail contre son envie, à lutter contre soi-même, à s’autodiscipliner de façon rigide et guindée…
Et à l’heure de l’I.A., tout ça ne fait plus aucun sens, parce que ce genre de textes guindés et descriptifs, c'est PRÉCISÉMENT le domaine d’EXCELLENCE de l’I.A.. Elle ne sait rien faire de mieux que ça.
Tu l'as déjà constaté : dans les textes générés par l’I.A., on retrouve tous les ingrédients des articles « scolaires », appliqués à la perfection :
On y retrouve le ton descriptif, la politesse et la neutralité, le désir de ne choquer ni de déranger personne, la perfection orthographique et grammaticale (au prix d’énormes lourdeurs), et ainsi de suite.
Aujourd’hui, AUCUN humain ne peut écrire ce genre de textes fades et « parfaits » sur le plan scolaire aussi bien qu’une I.A.. Si c’est le genre d’articles et de mailings qu’on veut obtenir et qu’on n’a pas d’autre ambition, alors autant baisser les bras tout de suite, utiliser l’I.A. pour rédiger tous nos textes et arrêter de se faire du mal…
Mais on n’est pas tous des bureaucrates de l’écriture.
La plupart d’entre nous, même ceux qui rédigent des textes scolaires en s’appliquant, voudraient bien savoir écrire autrement.
Ils aimeraient pouvoir écrire des articles et des mailings plus vivants, savoir jouer avec les idées d’une façon plus engageante, faire rêver, changer les certitudes de leur audience, faire vibrer les gens…
Mais comme ils ont appris à écrire à l’école et qu’ils ne connaissent pas d’autre approche, alors ils essayent d’obtenir de meilleurs textes en s’APPLIQUANT DAVANTAGE. En y mettant ENCORE PLUS D’EFFORTS. En redoublant de RIGIDITÉ.
Image : les bons points donnés aux élèves qui s'appliquent, sous le régime de Vichy.
Alors que SEULE l’attitude opposée peut leur permettre d’y arriver :
Pour obtenir des textes qui font vibrer, il faut au contraire aborder l’écriture comme un JEU. Comme une DANSE. Comme quelque chose d’amusant, qui bouge, qui vibre, avec lequel il faut s'amuser plutôt que d’essayer de le contrôler.
Parce que c’est quand on s’applique trop qu’on obtient des idées fades. Des idées neutres. Des idées qui ne touchent personne.
C’est quand on se filtre trop, qu’on essaye de contrôler son discours de manière trop rigide, qu’on obtient des textes qui n’ont pas d’âme.
Ce qui marche, c’est ce qui est amusant. Ce qui marche, c’est d’aborder l’écriture comme une fête. De s’oublier un peu, de lâcher le contrôle qu’on essaye trop souvent d’exercer sur chaque phrase et sur chaque mot, et d’accepter de se laisser porter par la musique.
Il faut donc désapprendre les travers qui nous viennent de l'école.
Quand rédiger sera redevenu un plaisir, alors on n’aura plus besoin d’I.A. parce qu’on sera devenu capable d’écrire des textes que personne ne peut produire en masse en appuyant sur un bouton.
On n’aura plus besoin, non plus, de chercher à gagner du temps, puisque l’écriture qui vibre, l'écriture qui aide les gens à changer, l’écriture qui redonne de l’espoir à ceux qui en manquent, l’écriture qui est capable de transformer les perspectives d’un lecteur sur le monde, sur la vie ou sur n’importe quel sujet…
C’est précisément l’écriture qui est la plus AMUSANTE à produire, celle qui demande le MOINS D’EFFORTS (dans le sens scolaire du mot), celle qui est la moins filtrée, la moins guindée, et la MOINS APPLIQUÉE ! (Il y a un temps pour s’appliquer, mais ce n’est pas lorsqu’on écrit. C’est quand on relit, et on devrait TOUJOURS faire lors d’une étape séparée).
Dans le prochain e-mail de cette série, je voudrais te montrer comment cette approche de l’écriture m’a transformé :
Il s’appelle : [TITRE], et tu le recevras demain.