Comment j'ai raté mon permis de conduire

Tu as déjà remarqué que plus on essaye de contrôler de façon consciente quelque chose qu'on sait faire de façon automatique... plus on devient mauvais ?
Par exemple, si tu conduis, beaucoup des gestes que tu fais sont devenus inconscients au fil du temps :
Tu appuies sur le frein quand tu vois un dos d'âne, sans même devoir y penser. Tu tournes ton volant dans un virage, sans qu'il te soit nécessaire d'y réfléchir.
Mais si tu devais décider de chacun de ces gestes un par un, de façon entièrement consciente et en essayant de les contrôler, le nombre d'informations que tu devrais gérer serait tellement important que tu te sentirais submergé, et tu ferais probablement des erreurs.
C'est ce qui m'est arrivé quand j'ai passé mon permis de conduire : je l'ai raté trois fois à cause de ça...
Je savais conduire, pourtant : j'étais même plutôt à l'aise, puisque j'avais démarré avec la conduite accompagnée des années avant.
Mais pendant l'examen, comme je savais que je n'avais pas le droit de faire d'erreurs et que l'enjeu était important... j'essayais de contrôler chacun de mes gestes, de réfléchir à la meilleure façon de préparer mon prochain tournant, et je planifiais chacune de mes réactions à l'avance...
Et comme il y avait trop d'informations à gérer et trop de variables à maîtriser, je finissais par paniquer et je faisais n'importe quoi.
J'ai vécu la même chose avec la création : je suis quelqu'un qui aime écrire. J'écrivais déjà quand j'étais enfant, pour m'amuser et pour passer le temps.
L'écriture est quelque chose de naturel pour moi. Même si j'utilise des plans, je me laisse beaucoup de liberté pour en dévier, et je fais me fais confiance pour trouver les bons mots.
Écrire un texte comme celui-ci ne me prend pas énormément de temps parce que c'est un processus quasiment automatique, comme la conduite. J'observe les phrases que ma main écrit sur mon cahier, un peu comme on regarde le paysage défiler quand on est au volant.
Mais quand j'ai commencé à vouloir vivre de mon contenu, je me suis mis à étudier toutes sortes de livres pour améliorer ma pratique.
Des livres sur le style. Des livres sur le storytelling. Des livres sur le copywriting.
Et je tentais d'appliquer de façon rigide toutes sortes de techniques sophistiquées, ce qui m'a m'a amené à tenter de contrôler mon écriture de la même façon que j'essayais de contrôler ma conduite lors de l'examen.
Et plus j'essayais de faire rentrer chacune de mes phrases dans une formule en trois points, plus j'essayais d'appliquer telle ou telle règle précise de façon exacte, plus j'essayais d'obtenir des paragraphes qui ressemblaient au plus près possible à tel exemple que j'avais lu dans un livre... plus mes textes étaient décevants.
Non seulement ça me prenait un temps fou de rédiger, mais c'était devenu une corvée, et la qualité de mes créations devenait de plus en plus mauvaise à mesure que j'essayais de progresser.
Et puis à un moment, j'ai compris :
L'écriture fonctionne comme la conduite...
Et quand on sait faire quelque chose de manière automatique, sans devoir y penser, on ne devrait jamais essayer de le micro-manager.
On sait tous marcher, par exemple. Mais s'il fallait planifier la séquence de chaque pas, savoir quel muscle tendre en premier, quelle partie de la jambe droite incliner à tel angle, et ainsi de suite... alors on aurait bien du mal à avancer avec autant d'aisance que quand on marche en pensant à toute autre chose.
Ce qui est fascinant, c'est que les mécanismes inconscients (comme ceux qui font fonctionner notre créativité, mais aussi nos muscles quand on marche, notre respiration et notre système immunitaire) sont beaucoup plus capables que ceux qui sont conscients :
La preuve, c'est qu'on serait déjà morts si on avait dû les contrôler intégralement depuis qu'on s'est levé ce matin !
Comparée à la puissance gigantesque de ces process d'arrière-plan, de tous ces savoir-faire et compétences qui fonctionnent en pilote automatique, notre intelligence consciente est bien peu capable.
Pourtant, peut-être pour se rassurer, on a tendance à essayer de se faire croire qu'elle est supérieure. Mais à chaque seconde où l'on a respiré, à chaque minute pendant laquelle notre cœur a battu sans qu'on y pense, et pendant chaque journée où l'on a conduit, marché ou écrit, on en a pourtant eu la preuve :
Ce que l'on fait de mieux, on le fait de façon automatique.
Et quand on essaye de contrôler ce type de process, on ne fait que mettre des bâtons dans les roues d'un système qui fonctionnait très bien sans nous.
Ça ne veut pas dire qu'on ne puisse pas progresser. Mais on progressera bien davantage en NOURRISSANT ces mécanismes inconscients (par exemple en leur fournissant des idées à digérer) plutôt qu'en essayant de les maîtriser.
On progressera bien davantage, surtout, en apprenant à DÉBRIDER cette partie plus profonde de nous-mêmes. À la laisser s'exprimer. À arrêter de la juger autant, de la filtrer autant, de la guider autant.
Le problème, c'est qu'on ne peut pas réussir à la débrider si on ne lui fait pas confiance. Et pour pouvoir lui faire confiance, il faut d'abord comprendre et accepter qu'elle est beaucoup plus puissante et beaucoup plus compétente que la partie superficielle de nous-mêmes que certains appellent l'ego.
Si tu veux apprendre à laisser cette partie de toi s'exprimer sans entraves, j'ai consacré ma toute dernière formation à ce sujet :
L'idée, c'est qu'au lieu d'utiliser l'intelligence artificielle pour travailler moins, on peut tout aussi bien utiliser un autre type d'intelligence, automatique elle-aussi, qu'on a chacun à l'intérieur de soi.
Tu vas apprendre par exemple :
‐ Comment devenir irremplaçable par l'IA
‐ Comment transformer l'écriture en plaisir
‐ Comment construire ton process d'écriture
‐ Ma méthode d'écriture actuelle en détail
Et beaucoup d'autres choses.
N'hésite pas à lire la page où tout est détaillé :
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